Barbey d'Aurevilly parlant de Richepin... et des naturalistes...
"Il a le talent trop altier pour emboîter le pas derière les assomants de l'Assomoir. Il ne croit pas, comme ces imbéciles, avoir inventé la nature."
"Il a le talent trop altier pour emboîter le pas derière les assomants de l'Assomoir. Il ne croit pas, comme ces imbéciles, avoir inventé la nature."
Je suis né à Vienne le 3 avril 1880, mon père est artisan juif. Dés le lycée, je manifeste des dons exceptionnels, je parle couramment le français, l'anglais, l'italien,l'espagnol et le norvégien. A l'université de Vienne, je m'inscrit en Sciences Naturelles, mon travail étonne rapidement mes professeurs, je m'interesse alors à la bisexualité. Je deviens disciple de Richard-Ludwig Avenarius, un philosophe des sciences et je m'intéresse passionnement à la philosophie (Platon, Saint Augustin, Kant). On me dit sérieux et taciturne, c'est vrai que j'exècre l'époque qui est la mienne, celle de la Vienne frivole et dégénérée, celle de Schnitzler, des valses et de la musique légère. Je suis un prussien, j'aime Wagner et Beethoven. Je maudis la femme qui trouble le travail de l'homme. Que font toutes ces sottes, parfumées, frivoles, qui viennent troubler mes sens en ce lieu sacré de la connaissance et de la méditation qu'est la bibliothèque? J'obtiens ma licence le 21 juillet 1902 et je me convertis alors au protestantisme, je me se proche de l'homme du Nord, de l'Allemand. Mon père dailleurs ne tarde pas à suivre mon exemple et se convertit lui aussi. Je me consacre désormais uniquement à la rédaction de Sexe et Caractère, mon premier livre, mon oeuvre ultime. Je me hais, je suis un criminel en puissance, constamment tenté par les bassesses de mon existence, sans cesse attiré par la sensualité, moi qui ne vise qu'à la moralité et à l'étude, je suis une infamie à moi tout seul. Mon oeuvre parait en mai 1903, et je m'enfonce de plus en plus dans le desespoir, nulle rédemption n'est possible pour l'être vil que je suis. Ma famille veut m'aider, mais elle ne peut rien pour moi, je pars alors voyager en Italie: c'est l'horreur, cette chaleur étouffante est un cauchemard, je suis maudis, je n'ai plus d'espoir... Un soir, Satan lui même m'apparait sous les traits d'un chien noir maudit... La lumière ne fume pas. Tout feu fume. Noir, antimoral, néant absolu; charbon; diamant comme contraire, représentant du quelque chose, complètement transparent; transparence comme symbole moral; importance du contraste en psychologie: charbon-diamant. Le 23 septembre je suis enfin de retour à Vienne, pourquoi avoir publié Sexe et Caractère, je renie ce livre, il m'a brisé, je ne suis qu'un juif aux yeux des autres et le resterai à jamais. Ce soir, 3 octobre 1903, je vois mon ami Gerber, à qui je fais part de mes effrois... A l'aube, après avoir veillé longuement, je suis dans la chambre que je loue dans la maison ou mourut Beethoven que j'admire énormement; Je tiens dans ma main un pistolet, je le place sur ma tempe... Je suis mort, mon coeur de juif hait a cessé de battre.
L'égalité, l'exécrable égalité, la pierre ponce de l'existence moderne, a passé sur tout, a tout limé, tout rongé et tout diminué... Et c'est au moral aussi bien qu'au physique qu'il n'y a plus de talons rouges.
Je suis né le 2. novembre 1808 - le jour des morts - lors d’une partie de whist à l’hôtel particulier de mon grand-oncle le chevalier de Montressel à Saint Sauveur-le-Vicomte, ma mère en incorrigible joueuse n'avait pas voulu annuler sa traditionnelle partie de carte. Je suis l'ainé de quatre frères, et je suis élévé dans un milieu austère. Mes seules joies d'enfant sont les moments que je passe dans le salon de ma grand-mère ou j'écoute avec un plaisir non dissimulé, les récits de la servante de ma grand-mère, Jeanne Roussel, récits mêlés de tradition, de religion et de sorcellerie, elle sera une de mes sources d'inspiration quand adulte, je deviendrai écrivain. A dix-neuf ans, après avoir perdu tout espoir d'une carrière militaire, je pars à Paris pour terminer mes études secondaires au Collège Stanislas, c'est là que je rencontre le poète Maurice de Guérin, avec qui je me lie d’une grande amitié qui sera brisée en 1839 par la mort de ce dernier.
Mon bachot en poche, je poursuis mes études à la Faculté de droit de Caen. C’est à cette occasion que je fonde en 1832 la revue de Caen avec mon cousin et ami Trébutien qui est bibliothécaire. Trébutien sera alors mon plus fidéle ami pour le reste de ma vie. C'est aussi à cette époque que je romps tout lien avec ma famille et que je renie mon nom. Je sympathise avec les républicains et ce n'est pas du goût de mes parents. Dans la Revue de Caen, je publie Léa, ma première nouvelle. Le Cachet d’onyx, écrit à la même époque suite à ma déception amoureuse auprès de Louise Cantru des Costils, ne paraîtra que plus tard.
En août 1833, je m'installe à Paris ayant achevé mes études de droit, et ayant également reçu un héritage conséquent de la part du chevalier de Montressel, qui me donne une rente qui va me permettre de vivre une vie de bohème, loin de la vie bien pensante et etriquée de ma catholique de famille. Je me consacre alors à l'ecriture, mais hélas, le succés n'est pas au rendez-vous. Mon talent n'est pas reconnu. En 1836, je décide de reprendre la particule nobiliaire qui est celle de ma famille. Reçu dans des salons tels que celui de Mme de Fayet et celui de Mme de Vallon, je brille par l’esprit de ma conversation qui faisit aux esprits médiocres, escarbouillés d'étonnement, absolument le même effet que mes gilets écarlates. Brummel et Byron sont mes modèles, je consacre dailleurs une étude à Brummel, publiée par mon cher Trébutien en 1844.
Je collabore alors à plusieurs revues, telles que le Nouvelliste et le Globe, et pendant un an, je suis rédacteur de la Revue du monde Catholique. Paraissent dans divers périodiques l’Amour impossible, la Bague d’Annibal, les Prophètes du Passé, et le Dessous de cartes d’une partie de whist, la première Diabolique. Dès sa publication en feuilleton, Une vieille maîtresse connaît un succès et suscite à la fois succés et polémique, je m'en étonnerais toujours et j'en jouerais dailleurs, ne suis-je pas le plus diabolique des catholiques, comme le dira plus tard Jean Lorrain.
En 1851, je fais la rencontre de la Baronne de Bouglon, mon Ange blanc. Jamais nous ne serons mariés, elle demeure à jamais, mon étenelle fiancée.
C'est aussi à cette époque que je me réconcilie avec ma famille et avec la religion, je deviens alors un pratiquant zélé, comme seul le fils du diable pouvait l'être. Dailleurs les romans que je vais publier le confirmeront aux yeux de ce qui en douteraient. Je suis un homme passionné, en état de lutte incessante contre la faiblesse de ma nature, j'aime le danger, l'enfer m'attire, je le défie, je le nargue et c'est ce qui scandalise dans mon catholicisme. L'ensorcelée, Le Chevalier des Touches et surtout Un prêtre marié, me vaudront la colère de l'église, s'ils avaient pu me mettre au bucher, je crois qu'ils l'auraient fait.
Je publie également mes articles de critiques politiques et historiques, dans le recueil des Oeuvres et des Hommes, et cela pendant prés de cinquante années.
Mes soucis ne s'arrêtent pas là, au déces de mon père, les dettes de ma famille m'obligent à vendre mes propriétés de Saint-Sauveur-le-Vicomte, je sejournerai alors la plus grande partie du temps à Valognes. C'est là que je vais subir un ultime affront de la part de cette société de meurts de faim et d'égalitaires, mes Diaboliques sont trainées dans la boue et même si le procés se termine en non-lieu, je ne comprendrai jamais ce monde misérable dans le quel je survis, misérable, oui, parlons en justement de ces Misérables, cette omelette de boursouflure démocratique, lui a t'on intenté un procés?
Je vais terminer ma vie, entourée de Louise Read, ma secrétairee et légataire, et je serais jusqu'au dernier moment de ma vie, jusqu'au dernier souffle, ce 23 avril 1889, ce dandy falot, issu d'une autre époque, mais d'une époque etincelante, qui aura connu Baudelaire et Byron. J'ai connu bien des malheurs dans ma vie, mais jamis je n'ai jamais oté mes gants blancs.
je demeure comme le dit si bien Montesquiou, ce grand vieillard avec ses redingotes plissées, ses pantalons de casimir clair, ses bottes vernies, ses cravates roses brodées de perles, sa cravache de chambre, et tout cet équipage de dandy falot, dont la teinture barbare atteste que mes grâces datent de loin. Et pourtant, j'apparais superbe, parceque mon génie, et surtout mon caractère servent de supports à mes oripeaux, que je réhabilite et transfigure.
"C'est le pape Pie XI qui a défini avec précision la doctrine romaine du mariage dans son encyclique Casti Connubii : " L'acte de mariage est par sa nature même destiné à la génération des enfants." De cette conception procréatrice du mariage découle tout naturellement comme l'écrit le père Lestapis (un théologien catholique), "La condamantion absolue, sans réserve, sans condition des pratiques contraceptives".
Le père Pierre Struve n'a pas de mal à montrer que "le mariage est avant tout voie spirituelle, quête de Dieu, accomplissement de la personne, préfiguration du royaume, mystère d'unité et d'amour à l'image du Christ et de l'Eglise" et que c'est uniquement dans cette perspective christocentrique que se place la doctrine de orthodoxe du mariage. Il note que également qu'aucun des textes néotestamentaires relatifs au mariage ne parle de la procréation. Et il ajoute: "Le fait de ne pas avoir d'enfants ne diminue en rien le mystère de l'unité d'amour de tel ou tel couple."
Le père Struve a également des mots trés durs pour condamner ces "familles repliées sur elles-mêmes, fermées au monde, repue d'un amour stérile, préoccupées surtout de conserver et de faire fructifier le patrimoine matériel et dont le christianisme n'est qu'un retour au pharisaïsme fustigé par le Seigneur."
Dans cette perspective néotestamentaire de la primauté du couple, la vie sexuelle acquiert une dignité intrinsèque, autonome, indépéndante de la procréation: elle devient connaissance de soi, et connaissance de l'autre.
Et le père Struve précise: "C'est dans ce double mouvement de don et d'acquisition réciproque que se réalise le mystère de l'union de deux êtres qui est préfiguration de l'unitotalité du royaume et dans lequel plus on se donne plus on acquiert, plus on est à l'autre, plus on est soi-même."
Gabriel Matzneff, Le dîner des Mousquetaires.
Un passage du portrait de Dorian Gray qui illustre à merveille l'esprit dandy...
A midi et demi, le lendemain, Lord Henry Wotton quitta d'un pas de promeneur la rue Lurzon, pour rendre visite, à l'Albany, à son oncle Lord Fermor, vieux célibataire débonnaire encore que rogue, que ceux qui ne le connaissaient pas traitaient d'égoiste parcequ'ils n'en tiraient aucun bénéfice particulier, amsi que le monde trouvait généreux parcequ'il nourrisait quiconque l'amusait.
Son père avait été l'ambassadeur de Grande-Bretagne à Madrid à l'époque où la reine Isabelle était jeune et où on n'avait pas entendu parler de Prim, mais il avait pris sa retraite du service diplomatique par caprice, momentanément agacé qu'on ne lui proposât pas l'ambassade de Paris, à laquelle il considérait avoir pleinement droit du fait de sa naissance, de son indolence, de l'excellent anglais de ses rapports et de son extraordinaire passion pour le plaisir. Son fils, qui lui avait servi de secrétaire, avait démissionné en même temps que son chef, un peu sottement, pensa t'on à l'époque, et, en accédant quelques mois plus tard, au titre, s'était consacré à l'étude sérieuse du grand art aristocratique de ne rien faire du tout [...]
Quand Lord Henry entra dans la pièce, il trouva son oncle assis, portant une grosse veste de chasse, fumant un cigare à bouts coupés et grommelant sur le Times.
_ Eh bien, Harry, dit le vieux monsieur, qu'est-ce donc qui t'ammènes si tôt? Je croyais que, vous autres dandys, vous ne vous leviez jamais avant deux heures et n'étiez pas visibles avant cinq.
_ Pure affliction familiale, oncle Georges, je vous assure. Je voudrais tirer quelque chose de vous.
_ De l'argent, je suppose, fit Lord Fermor avec une grimace. Eh bien, assieds- toi et raconte moi de quoi il s'agit. De nos jours, les jeunes gens s'imaginent que l'argent c'est tout.
_ Oui, murmura lord Henry en rectifiant la position de la fleur de sa boutonnière, et quand ils vieillissent, ils apprennent que c'est vrai. Mais ce n'est pas de l'argent qu'il me faut. Seuls les gens qui réglent leurs factures en ont besoin, oncle Georges, et je ne règle jamais les miennes. Le crédit, voilà le capital d'un fils puîné et l'on en vit fort bien. En outre j'ai toujours affaire aux commerçants de Dartmoore, ce qui fait qu'ils ne m'ennuient jamais. Ce qu'il me faut, c'est des renseignements. Pas des renseignements utiles, bien sûr: des renseignements sans aucune utilité.
je ne me laisse jamais influencer par les perturbations de l'atmosphère ni par les divisions conventionnelles du temps. Je rehabiliterais volontiers l'usage de la pipe d'opium et du kriss malais, mais j'ignore celui de ces instruments infiniments plus pernicieux et d'ailleurs platement bourgeois, la montre et le parapluie.
Du côté de chez Swann
Dés la lecture de mon premier Zola, je devais être en cinquième, j'ai de suite été choquée, horrifiée par cette immondice qu'est "l'oeuvre" de Zola, si je le pouvais, je le ferai interdire... L'art, la littérature, se doivent de tendre au Beau, et à rien d'autre. Le naturalisme s'evertue à salir la beauté pour d'obsures raisons qui m'ont toujours échappées..
"Ce que je reproche au naturalisme, ce n'est pas le lourd badigeon de son gros style, c'est l'immondice de ses idées; ce que je lui reproche c'est d'avoir incarné le matérialisme dans la littérature... Tu diras ce que tu voudras, mais tout de même quelle théorie de cerveau mal famé, quel miteux et étroit système! Vouloir se confiner dans les buanderies de la chair, rejetter le suprasensible, dénier le rêve, ne pas même comprendre que la curiosité de l'art commence là ou les ens cessent de servir."
Huysmans Là-bas
"Une civilisation se juge à ses jardins. Il n'y avait pas de grilles autour des jardins, dans l'ancienne Rome, et il n'y en a pas davantage autour de ceux de l'Orient arabe, in hortis operosissimus."
"Et ce Luxembourg cadenassé, bouclé, quadrillé par des policiers en armes est l'exacte figure de la mesquinerie frileuse de la société française contemporaine. Ah! Ce n'est pas sous Catherine de Médicis qu'on aurait vu cela! Pauvre pays! Quelle dégringolade!"
Les deux sources de la religion.
Le phénomène religieux s’est depuis la naissance des civilisations urbaines, manifesté et concrétisé, chez les peuples sédentaires, sous deux formes opposées et contradictoires. L’une est liée au monde de la nature, l’autre à l’organisation de la vie collective de la cité. La religion primordiale représente l’ensemble des efforts de l’homme pour comprendre la création, pour s’harmoniser avec elle, en pénétrer les secrets, coopérer à l’œuvre du creareur, se rapprocher de lui, s’identifier a lui. Cette approche ne sépare pas le domaine corporel du domaine intellectuel et spirituel indissolublement liés. Le corps est l’instrument de toutes les réalisations humaines et doit être traité comme tel ainsi que l’enseigne le Yoga. La création dans sa totalité, sa beauté, sa floraison, sa cruauté, son harmonie, est l’expression de la pensée divine, et en quelque sorte la matérialisation du corps de Dieu. Seuls, ceux qui le comprennent, qui s’identifient au monde naturel, qui prennent leur place parmi les arbres, les fleurs, les animaux peuvent véritablement se rapprocher du monde des esprits et des dieux, imaginer le plan du Créateur, pressentir la joie du divin. Pour l’homme conscient du fait que la création est non seulement une œuvre divine, amis la forme même du divin, tout être , toute vie, tout acte prend un caractère sacré, devient un rite, un moyen de communication avec le céleste.
« Se conformer à ce que l’on est, est dharma » (« Svalakhanadhâramâd dharmah »). Dharma est un mot qui signifie « loi naturelle ». S’y conformer est la seule vertu. Il n’est d’autre religion que la réalisation de ce qu’on est par sa naissance, sa nature, ses aptitudes. Chacun doit jouer de son mieux le rôle qui lui est assigné dans le grand théâtre de la création. Le bonheur de l’homme et sa survie dépend de la réalisation de la place qu’il occupe parmi les êtres vivants en tant qu’espèce et parmi les hommes en tant qu’individu. S’il cherche à s’attribuer un rôle qui n’est pas le sien dans la société il devient un ennemi de l’humanité. S’il est un prédateur, un ennemi des autres espèces, il devient l’ennemi des dieux, l’ennemi de la création.
L’autre forme de religion est celle de la cité, de la société des hommes. Elle prétend imposer des sanctions divines à des conventions sociales. Elle érige en actes sacrés des lois humaines. Elle sert d’excuse aux ambitions des hommes qui prétendent dominer le monde naturel, s’en servir, s’attribuer une position unique au détriment des autres espèces, végétales, animales, voire supranaturelles. Il a fallu l’étrange et maléfique perversion des valeurs dans les civilisations et les religions modernes qui caractérisent le Kali-Yuga, l’Age des Conflits dans lequel nous nous trouvons, pour que l’homme renonce à son rôle dans l’ordre cosmique, qui englobe toute forme d’être ou de vie, pour ne s’intéresser qu’à lui-même et devenir le destructeur de l’harmonie de la création, l’instrument aveugle, vaniteux et brutal de son propre déclin.
C’est sous l’influence des conceptions religieuses rudimentaires des conquérants nomades que les religions de la cité prirent un caractère anthropocentriste qui n’était pas apparent à l’origine. Les peuples nomades n’ont pas de véritable contact avec le monde de la nature. Ils ne vivent pas en communauté avec des lieux, des arbres, des animaux, si ce n’est ceux qu’ils ont asservis ou domestiqués. Ils promènent avec eux leurs dieux et leurs légendes, et sont plus prédisposés que d’autres à la simplification monothéiste, à considérer la nature comme des pâturages anonymes qu’ils exploitent et détruisent, et les dieux comme des guides au service de l’homme. Les religions anti-dionysiaques sont toutes à l’origine des religions nomades, qu’ils soient aryens, hébreux ou arabes. Elles tendent à conserver le caractère, même lorsque ces nomades sont sédentarisés. Toute religion qui considère des fidèles comme des élus qui prétendent avoir reçu d’un dieu le droit et le devoir de propager leurs croyances, leurs coutumes et de détruire ou d’asservir les « incroyants » ne peut être qu’une imposture. Les croisades, les missions, les guerres saintes sont les masques de l’hégémonie et du colonialisme.
La religion de la cité devait trouver sa justification dans l’illusion monothéiste. « Le nombre un est le symbole de l’illusion » disent les Tantras. La conception philosophique d’une unité causale est une spéculation qui ne peut être transportée sur le plan de la vie, de l’action. Il est beine vident que le Principe qui est à l’origine de cette explosion initiale dont sont issues la matière et l’anti-matière, l’espace et le temps, les galaxies, les astres et les principes de la vie, n’est pas sur le même plan qu’une sorte d’ange gardien du village qui s’inquiète de savoir si nous avons observé le sabbat ou goûté du soi-disant fruit défendu et donne des instructions à quelques prophètes, dans l’intérêt du bon ordre de la cité. Le danger du monothéisme est qu’il aboutit à une réduction du divin à l’image de l’homme, une appropriation de dieu au service d’une race »élue ». Il est le contraire d’une religion véritable, car il sert d’excuse à l’asservissement de l’œuvre divine aux ambitions de l’homme.
Selon les mots de Toynbee : « La croyance que ce que j’ai appelé une présence spirituelle, dans l’univers et au-delà de lui, était concentrée dans un seul lieu transcendant, semblable à un homme, impliquait la conclusion que rien d’autre dans l’univers n’est divin… Dieu plaçait l’ensemble de sa création non humaine à la disposition de se créatures humaines pour l’exploiter comme il leur plaisait… Le respect et la crainte salutaire avec laquelle l’homme avait, à l’origine, considéré son environnement étaient ainsi dissipées par le monothéisme judaïque dans les versions de ses origines israélites, puis des Chrétiens et des Musulmans…Le communisme est issu du Christianisme… je considère le communisme comme une religion, et en particulier comme religion typique de la famille judaïque, dans laquelle la mythologie judaïque s’est conservée sous le déguisement d’un vocabulaire non théiste. »
Les deux sources de la religion.
Le phénomène religieux s’est depuis la naissance des civilisations urbaines, manifesté et concrétisé, chez les peuples sédentaires, sous deux formes opposées et contradictoires. L’une est liée au monde de la nature, l’autre à l’organisation de la vie collective de la cité. La religion primordiale représente l’ensemble des efforts de l’homme pour comprendre la création, pour s’harmoniser avec elle, en pénétrer les secrets, coopérer à l’œuvre du creareur, se rapprocher de lui, s’identifier a lui. Cette approche ne sépare pas le domaine corporel du domaine intellectuel et spirituel indissolublement liés. Le corps est l’instrument de toutes les réalisations humaines et doit être traité comme tel ainsi que l’enseigne le Yoga. La création dans sa totalité, sa beauté, sa floraison, sa cruauté, son harmonie, est l’expression de la pensée divine, et en quelque sorte la matérialisation du corps de Dieu. Seuls, ceux qui le comprennent, qui s’identifient au monde naturel, qui prennent leur place parmi les arbres, les fleurs, les animaux peuvent véritablement se rapprocher du monde des esprits et des dieux, imaginer le plan du Créateur, pressentir la joie du divin. Pour l’homme conscient du fait que la création est non seulement une œuvre divine, amis la forme même du divin, tout être , toute vie, tout acte prend un caractère sacré, devient un rite, un moyen de communication avec le céleste.
« Se conformer à ce que l’on est, est dharma » (« Svalakhanadhâramâd dharmah »). Dharma est un mot qui signifie « loi naturelle ». S’y conformer est la seule vertu. Il n’est d’autre religion que la réalisation de ce qu’on est par sa naissance, sa nature, ses aptitudes. Chacun doit jouer de son mieux le rôle qui lui est assigné dans le grand théâtre de la création. Le bonheur de l’homme et sa survie dépend de la réalisation de la place qu’il occupe parmi les êtres vivants en tant qu’espèce et parmi les hommes en tant qu’individu. S’il cherche à s’attribuer un rôle qui n’est pas le sien dans la société il devient un ennemi de l’humanité. S’il est un prédateur, un ennemi des autres espèces, il devient l’ennemi des dieux, l’ennemi de la création.
L’autre forme de religion est celle de la cité, de la société des hommes. Elle prétend imposer des sanctions divines à des conventions sociales. Elle érige en actes sacrés des lois humaines. Elle sert d’excuse aux ambitions des hommes qui prétendent dominer le monde naturel, s’en servir, s’attribuer une position unique au détriment des autres espèces, végétales, animales, voire supranaturelles. Il a fallu l’étrange et maléfique perversion des valeurs dans les civilisations et les religions modernes qui caractérisent le Kali-Yuga, l’Age des Conflits dans lequel nous nous trouvons, pour que l’homme renonce à son rôle dans l’ordre cosmique, qui englobe toute forme d’être ou de vie, pour ne s’intéresser qu’à lui-même et devenir le destructeur de l’harmonie de la création, l’instrument aveugle, vaniteux et brutal de son propre déclin.
C’est sous l’influence des conceptions religieuses rudimentaires des conquérants nomades que les religions de la cité prirent un caractère anthropocentriste qui n’était pas apparent à l’origine. Les peuples nomades n’ont pas de véritable contact avec le monde de la nature. Ils ne vivent pas en communauté avec des lieux, des arbres, des animaux, si ce n’est ceux qu’ils ont asservis ou domestiqués. Ils promènent avec eux leurs dieux et leurs légendes, et sont plus prédisposés que d’autres à la simplification monothéiste, à considérer la nature comme des pâturages anonymes qu’ils exploitent et détruisent, et les dieux comme des guides au service de l’homme. Les religions anti-dionysiaques sont toutes à l’origine des religions nomades, qu’ils soient aryens, hébreux ou arabes. Elles tendent à conserver le caractère, même lorsque ces nomades sont sédentarisés. Toute religion qui considère des fidèles comme des élus qui prétendent avoir reçu d’un dieu le droit et le devoir de propager leurs croyances, leurs coutumes et de détruire ou d’asservir les « incroyants » ne peut être qu’une imposture. Les croisades, les missions, les guerres saintes sont les masques de l’hégémonie et du colonialisme.
La religion de la cité devait trouver sa justification dans l’illusion monothéiste. « Le nombre un est le symbole de l’illusion » disent les Tantras. La conception philosophique d’une unité causale est une spéculation qui ne peut être transportée sur le plan de la vie, de l’action. Il est beine vident que le Principe qui est à l’origine de cette explosion initiale dont sont issues la matière et l’anti-matière, l’espace et le temps, les galaxies, les astres et les principes de la vie, n’est pas sur le même plan qu’une sorte d’ange gardien du village qui s’inquiète de savoir si nous avons observé le sabbat ou goûté du soi-disant fruit défendu et donne des instructions à quelques prophètes, dans l’intérêt du bon ordre de la cité. Le danger du monothéisme est qu’il aboutit à une réduction du divin à l’image de l’homme, une appropriation de dieu au service d’une race »élue ». Il est le contraire d’une religion véritable, car il sert d’excuse à l’asservissement de l’œuvre divine aux ambitions de l’homme.
Selon les mots de Toynbee : « La croyance que ce que j’ai appelé une présence spirituelle, dans l’univers et au-delà de lui, était concentrée dans un seul lieu transcendant, semblable à un homme, impliquait la conclusion que rien d’autre dans l’univers n’est divin… Dieu plaçait l’ensemble de sa création non humaine à la disposition de se créatures humaines pour l’exploiter comme il leur plaisait… Le respect et la crainte salutaire avec laquelle l’homme avait, à l’origine, considéré son environnement étaient ainsi dissipées par le monothéisme judaïque dans les versions de ses origines israélites, puis des Chrétiens et des Musulmans…Le communisme est issu du Christianisme… je considère le communisme comme une religion, et en particulier comme religion typique de la famille judaïque, dans laquelle la mythologie judaïque s’est conservée sous le déguisement d’un vocabulaire non théiste. »