Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Etre aurevillienne ce n'est pas être d'une Ecole c'est être d'une Race
21 septembre 2008

SHIVA ET DIONYSOS. Alain DANIELOU, extraits

            Les deux sources de la religion.

            Le phénomène religieux s’est depuis la naissance des civilisations urbaines, manifesté et concrétisé, chez les peuples sédentaires, sous deux formes opposées et contradictoires. L’une est liée  au monde de la nature, l’autre à l’organisation de la vie collective de la cité. La religion primordiale représente l’ensemble des efforts de l’homme pour comprendre la création, pour s’harmoniser avec elle, en pénétrer les secrets, coopérer à l’œuvre du creareur, se rapprocher de lui, s’identifier a lui. Cette approche ne sépare pas le domaine corporel du domaine intellectuel et spirituel indissolublement liés. Le corps est l’instrument de toutes les réalisations humaines et doit être traité comme tel ainsi que l’enseigne le Yoga. La création dans sa totalité, sa beauté, sa floraison, sa cruauté, son harmonie, est l’expression de la pensée divine, et en quelque sorte la matérialisation du corps de Dieu. Seuls, ceux qui le comprennent, qui s’identifient au monde naturel, qui prennent leur place parmi les arbres, les fleurs, les animaux peuvent véritablement se rapprocher du monde des esprits et des dieux, imaginer le plan du Créateur, pressentir la joie du divin. Pour l’homme conscient du fait que la création est non seulement une œuvre divine, amis la forme même du divin, tout être , toute vie, tout acte prend un caractère sacré, devient un rite, un moyen de communication avec le céleste.

            « Se conformer à ce que l’on est, est dharma » (« Svalakhanadhâramâd dharmah »). Dharma est un mot qui signifie « loi naturelle ». S’y conformer est la seule vertu. Il  n’est d’autre religion que la réalisation de ce qu’on est par sa naissance, sa nature, ses aptitudes. Chacun doit jouer de son mieux le rôle qui lui est assigné dans le grand théâtre de la création. Le bonheur de l’homme et sa survie dépend de la réalisation de la place qu’il occupe parmi les êtres vivants en tant qu’espèce et parmi les hommes en tant qu’individu. S’il cherche à s’attribuer un rôle qui n’est pas le sien dans la société il devient un ennemi de l’humanité. S’il est un prédateur, un ennemi des autres espèces, il devient l’ennemi des dieux, l’ennemi de la création.

            L’autre forme de religion est celle de la cité, de la société des hommes. Elle prétend imposer des sanctions divines à des conventions sociales. Elle érige en actes sacrés des lois humaines. Elle sert d’excuse aux ambitions des hommes qui prétendent dominer le monde naturel, s’en servir, s’attribuer une position unique au détriment des autres espèces, végétales, animales, voire supranaturelles. Il a fallu l’étrange et maléfique perversion des valeurs dans les civilisations et les religions modernes qui caractérisent le Kali-Yuga, l’Age des Conflits dans lequel nous nous trouvons, pour que l’homme renonce à son rôle  dans l’ordre cosmique, qui englobe toute forme d’être ou de vie, pour ne s’intéresser qu’à lui-même et devenir le destructeur de l’harmonie de la création, l’instrument aveugle, vaniteux et brutal de son propre déclin.

            C’est sous l’influence des conceptions religieuses rudimentaires des conquérants nomades que les religions de la cité prirent un caractère anthropocentriste qui n’était pas apparent à l’origine. Les peuples nomades n’ont pas de véritable contact avec le monde de la nature. Ils ne vivent pas en communauté avec des lieux, des arbres, des animaux, si ce n’est ceux qu’ils ont asservis ou domestiqués. Ils promènent avec eux leurs dieux et leurs légendes, et sont plus prédisposés que d’autres à la simplification monothéiste, à considérer la nature comme des pâturages anonymes qu’ils exploitent et détruisent, et les dieux comme des guides au service de l’homme. Les religions anti-dionysiaques sont toutes à l’origine des religions nomades, qu’ils soient aryens, hébreux ou arabes. Elles tendent à conserver le caractère, même lorsque ces nomades sont sédentarisés. Toute religion qui considère des fidèles comme des élus qui prétendent avoir reçu d’un dieu le droit et le devoir de propager leurs croyances, leurs coutumes et de détruire ou d’asservir les « incroyants » ne peut être qu’une imposture. Les croisades, les missions, les guerres saintes sont les masques de l’hégémonie et du colonialisme.

            La religion de la cité devait trouver sa justification dans l’illusion monothéiste. « Le nombre un est le symbole de l’illusion » disent les Tantras. La conception philosophique d’une unité causale est une spéculation qui ne peut être transportée sur le plan de la vie, de l’action. Il est beine vident que le Principe qui est à l’origine de cette explosion initiale dont sont issues la matière et l’anti-matière, l’espace et le temps, les galaxies, les astres et les principes de la vie, n’est pas sur le même plan qu’une sorte d’ange gardien du village qui s’inquiète de savoir si nous avons observé le sabbat ou goûté du soi-disant fruit défendu et donne des instructions à quelques prophètes, dans l’intérêt du bon ordre de la cité. Le danger du monothéisme est qu’il aboutit à une réduction du divin à l’image  de l’homme, une appropriation de dieu au service d’une race »élue ». Il est le contraire d’une religion véritable, car il sert d’excuse à l’asservissement de l’œuvre divine aux ambitions de l’homme.

            Selon les mots de Toynbee : « La croyance que ce que j’ai appelé une présence spirituelle, dans l’univers et au-delà de lui, était concentrée dans un seul lieu transcendant, semblable à un homme, impliquait la conclusion que rien d’autre dans l’univers n’est divin… Dieu plaçait l’ensemble de sa création non humaine à la disposition de se créatures humaines pour l’exploiter comme il leur plaisait… Le respect et la crainte salutaire       avec laquelle l’homme avait, à l’origine, considéré son environnement étaient ainsi dissipées par le monothéisme judaïque dans les versions de ses origines israélites, puis des Chrétiens et des Musulmans…Le communisme est issu du Christianisme… je considère le communisme comme une religion, et en particulier comme religion typique de la famille judaïque, dans laquelle la mythologie judaïque s’est conservée sous le déguisement d’un vocabulaire non théiste. »

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Albums Photos
Archives
Etre aurevillienne ce n'est pas être d'une Ecole c'est être d'une Race
Derniers commentaires
Etre aurevillienne ce n'est pas être d'une Ecole c'est être d'une Race
Publicité